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Les décharges de Dandora (Nairobi, Kenya) sur Envoyé Spécial

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Envoyé Spécial - KenyaCe jeudi soir, il y a eu un reportage sur Envoyé Spécial (France 2) concernant la décharge commune de Dandora (Nairobi, Kenya) intitulé “Les glaneurs de Nairobi

Si vous avez raté comme moi le reportage, vous pouvez actuellement le revoir sur le site Internet de France Télévision, rubrique Envoyé Spécial – Les Glaneurs de Nairobi (un reportage d’Anouk Burel et Frédéric Bohn).  Et pour les curieux qui se demandent de quoi je parle, voici le teaser du reportage:

C’est l’une des plus impressionnantes décharges sauvages d’Afrique, l’un des sites les plus pollués de la planète, aussi. Dandora est à quelques minutes à peine de Nairobi, au Kenya, et à des kilomètres de l’image de rêve des safaris. Les déchets de la ville s’y entassent pêle-mêle depuis les années 70. Ici les hommes, les femmes et les enfants passent leurs journées à creuser ces montagnes de déchets pour trouver quelque chose à vendre ou quelque chose à manger, dans les restes des avions ou des hôtels pour touristes. Ramasser des centaines de sacs en plastique leur rapporte quelques dizaines de centimes d’euros par jour et ils sont des milliers à en vivre dans les bidonvilles alentour, bravant les fumées toxiques et le gang de la décharge. Un monde coupé du monde, qui nourrit et empoisonne, dans lequel une équipe d’Envoyé Spécial a passé dix jours.

Et oui, DandoraPeperuka sur Google Map qui s’étend sur près de 13 hectares ne se trouve qu’à 8km du centre ville, sur la route de Thika, près des bidonbilles Korogocho, le quatrième plus grand taudis de Nairobi avec une population de 120 000 habitants. [Note: cliquez sur la petite boule pour voir Dandora sur Google Maps]

Un enfant à Dandora

Cette décharge existe depuis 1977 et elle ne respecte aucunement les règles internationales qui exigent que les décharges publiques soient fermées après 10 à 15 ans de service.  Et depuis les années 70, cette décharge n’a cessé de grandir, affectant aujourd’hui plus d’un million de personnes vivant dans les bidonvilles adjacents.

Une décharge très appréciée par les industriels et certains politiciens
Tous les déchets des industries, des hôtels et  restaurants, de l’aéroport et des ménages vont à Dandora… et tout cela sous la gestion de groupes de jeunes (que l’on pourrait appeler mungiki, pourquoi pas ??) qui, d’après quelques investigations accablantes sont sous la tutelle de politiciens kényens;  ces derniers étant pour la plupart propriétaires des camions et agissant en tant que “parrains” dans leurs petites parcelles.

Groupes mafieux, exploitation et travail forcé des enfants
Comme l’a montré le reportage, les premières personnes concernées par le problème sont les enfants.  A Dandora, on y trouve plusieurs groupes armés mafieux (appelez-les mungiki si on veut) qui payent les jeunes et les femmes pour trier et recycler les déchets tout en les rackettant pour leur assurer leur sécurité et petit bout de poubelle.

De plus, ces petits groupuscules profitent également du fait que la décharge est un lieu de non-droit poury faire régner leur loi…  Tout comme les déserts de Las Vegas, la décharge de Dandora est réputée pour être la cachette des plus grands criminels et bandits de Nairobi, l’endroit où l’on enterre les morts et où l’on cache les armes;  un des lieux les plus dangereux de Nairobi, en effet !!

Et de plus, étant totalement ouverte, cette décharge qui accueille près de 200 tonnes de déchets par jour, attire de plus en plus de pauvres, pour la plupart des enfants des rues (les “chokora” en swahili), qui espèrent y trouver leur gagne-pain.

Mais pas seulement des chokoras car comme le souligne l’auteur du reportage à la fin, par pauvres, on entend aussi les enfants qui n’ont rien à manger car même si les écoles sont gratuites depuis peu, le repas ne l’est pas et il y est rarement servi, alors les familles ont vite tendance à laisser leurs enfants se balader dans la décharge (qu’ils appellent “mukuru pour y trouver à manger.

Danger pour la santé
Tout, mais vraiment tout est déposé dans la décharge: des déchets industriels toxiques, des déchets pharmaceutiques, des pesticides et fongicides, etc.

Et c’est le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), basé d’ailleurs à Nairobi, qui a mis en lumière les problèmes sanitaires de la décharge en publiant un rapport en octobre 2007 intitulé “Environmental Pollution and Impacts On Public Health, The impact of the Dandora Dumping Site in Nairobi, Kenya

Danger pour l’environnement
La rivière de Nairobi longe la décharge… Cette rivière va ensuite rejoindre d’autres rivières pour former un des plus grands fleuves du Kenya.  Bref, on peut imaginer les dégâts posés par les métaux lourds (mercure, plomb, cuivre) et autres substances hautement toxiques, donc les PCB (aldrine, dieldrine, etc.).  Et les gens se baignent dans la rivière, cultivent et arrosent leurs potagers avec l’eau de la rivière, etc…

Bref, en plus d’être les toilettes communes pour la population, Nairobi River est devenu également un pot-pourri de substances toxiques.

Du coup,  vous-y réfléchirez à deux fois avant de vous baigner dans l’eau du joli site touristique des Fourteen Falls (lieu de tournage du premier film de Tarzan, près de la ville de Thika)
[Note: ce texte est un résumé très remodelé d’un document écrit par Oluoch Japheth Ogola, comptable et habitant de Korogocho, et Père Daniel Moschetti, missionaire à Korogocho et coordinateur de Kutoka/Exodus, une association qui aide les enfants à quitter la décharge. Voir le document et leur site Korogocho.org que je vous invite vivement à visiter car il est très complet et bien réalisé]

Les réactions sur le forum d’Envoyé Spécial
Très peu de réaction sur le reportage en lui-même; mais trois réactions à propos de l’enchaînement des reportages, tout de même.  En effet, tout de suite après le reportage sur Dandora puis l’interview de l’auteur du reportage qui parle des enfants qui n’ont pas à manger à l’école, les présentatrices – toujours aussi balai-dans-le-cul et insipides – enchaînent directement sur un reportage concernant la minceur dans lequel on voit une vieille peau se refaire le ventre pour 715 euros par une machine bidon à infrarouges.

C’est greffierec​oeure qui a poussé le premier coup de gueule en disant:

Chaque émission d’envoyé spécial comporte un reportage insignifiant et racoleur c’est assez désespérant. Les présentatrices sont par ailleurs parfaitement inutiles.

Je partage son point de vue, les présentatrices sont insipides, d’ailleurs on se demande ce qu’elles font là à part nous emmerder…  Et le reportage racoleur, c’est clair !!

Puis c’est about2009 qui vingt minutes plus tard se demandent pourquoi un tel enchaînement

C’est du n’importe quoi et je considère ceci comme de la provocation de la part de la régie et de la programmation.
De la pauvreté extrême à la société de consommation et  marché de la minceur vraiment c’est absolument scandaleux !! Ils manquent beaucoup de tact !

Sa réaction a sollicité quelques remarques constructives. D’autre comme Jeep06 pense que:

la juxtaposition de ces 2 reportages (Nairobi/crème minceur) est également une très bonne chose pour faire prendre conscience aux gens de l’absurdité de telles pratiques si on les replace dans un contexte mondial. c’est le genre de message que le zapping de Canal

Et Cfpj qui a le dernier mot en disant:

Le sujet suivant sur la décharge à Nairobi est tout aussi navrant. Les séquences d’interviews mettant en scène la journaliste et la nature de ses questions m’ont abasourdi. Tant d’ignorance doublée d’une indécence assumée. Elle aura pu couper au montage, je ne sais pas, se trouver ridicule. Même pas. No comment sur le dernier sujet: on s’en fout. Bref, j’ai carrément pris le temps de m’inscrire sur ce forum pour pousser un coup de gueule face à tant de médiocrité. Ca me rend triste.

Enfin, le dernier coup de gueule, posté le lendemain par Samedia, intitulé “Indécence“, et qui a d’ailleurs écrit un article là-dessus sur son blog entends-tu; c’est bien le seul car Google.fr ne me retourne aucun résultat sur Dandora..

Ahhh, c’est quand même beau la télé !! On passe du tout au rien… Bref, rien de bien précis sur Dandora lui-même dans le forum d’Envoyé Spécial, c’est pourquoi je vais de ce pas y mettre mon petit grain de sel 

Quelques petites remarques
1/ Juste eux petites remarques, tout d’abord, même si reportage parle d’un sujet déplorable, il faut avouer que les kényens sont d’une joyeuseté folle !!!  Ils applaudissent, sourient, rigolent; la Mama Hassan invite l’auteur du reportage dans sa maison…  Rien à voir avec le métro-boulot-dodo de Babylone !!

2/ Le reportage l’a bien signalé, ici, il n’y a aucune mais vraiment aucune conscience écologique dans la société kényenne…  Et pourtant, les kényens respectent énormément leur nature et surtout les animaux.

3/ Et si vous avez voyagé au Kenya, vous avez pu remarquer que le sac plastique est une vraie plaie issue, ils s’accrochent aux branches, étouffent les chèvres et vaches et s’incrustent dans le sol à un tel point que des fois on se demande si le sol est fait de terre ou de sacs plastiques…  Le Gouvernement a d’ailleurs essayer interdire le sac plastique, puis la régulation a été assouplie pour satisfaire les industries.  Aujourd’hui, seule la fabrication de sacs plastiques dépassant une certaine épaisseur est autorisée.

Mon avis personnel
Bon, j’ai déjà 12 ans de Kenya derrière moi, dont trois en zone industrielle, près des bidonvilles, donc – et c’est malheureux de le dire – on voit tellement de pauvreté à Nairobi qu’on s’endurcit vachement: voir des chokoras (enfants de rue) me coller dans la rue la main tendue à sniffer sa colle m’agace plus qu’autre chose.

Par contre, le problème de la pauvreté, de la famine actuelle au Kenya, des enfants non scolarisés, etc., me touchent plus que le problème de la décharge en soi, qui reste un problème politique (tout comme les problème des bidonvilles et droits de propriétés).

Ma première réaction est de dire que les politiciens ne sont que des bons à rien.  On revient toujours et encore sur cette république banane (banana republic) ou “fail state“, le Kenya en est bel et bien un, un fail state géré par une bande d’incapable corrompus sous-éduqués qui ne pensent qu’à eux-mêmes et à leur fric.

Et que l’on vit bel et bien dans une société de merde et tout le monde fonce droit dans le mur…  Alors que les babyloniens (héhé, les occidentaux si vous voulez) commence à comprendre que le modèle capitaliste est bien pire que nique-ta-mère-avec-une-subprime; l’Afrique, et entre autres les pays à forte croissance comme le Kenya avec un taux frôlant les 3%, fonce tête baissé vers ce mur…  Ici, le fossé entre les riches et les pauvres s’est grandement accru (émeutes électorales, flambée du prix du pétrole, la crise) et la classe moyenne grandissante fait louange tous les soirs à Dieu en chantant  “Oh God won’t you buy me a Mercedes Benz“.

Et je finirai par concourir ce qu’à dit Sam dans son blog:

Bon petit français que nous sommes, nous avons zappé… ah, les petits africains, c’est bien triste en effet, mais maintenant passons aux choses sérieuses, mon problème de culotte de cheval… c’est du concret, beaucoup plus proche de moi finalement.

Ben, oui, quoique j’y fasse, je resterai un mzungu (homme blanc); et un peu comme Obélix, cette sale potion magique de capitalisme, j’y suis baigné dès ma naissance: malgré moi, je finirai toujours par avoir mon ordis, ma console de jeu, mon écran plat (ah non, ça j’ai pas), à me faire des takeaways et des bouffes au resto japonais, à m’acheter des trucs qui-servent-à-quoi comme des affiches*, et que donc le problème de culotte de cheval me touchera plus que le problème de Dandora.

… qui par ailleurs ne se résoudra avant que les kényens décident d’en finir une bonne fois pour toute avec ses vieux politiciens de cette république banane; il est grand temps que les jeunes, la plus grande richesse du pays, prennent le dessus et passe à l’action !

* le gars à ma douane m’a dit:
– “C’est quoi ca ?”
– “Bah, une affiche”
– “Ah ! Et pourquoi faire”
– “Pour l’accrocher au mur”
– “Et…” (dubitatif, genre t’es con d’acheter des trucs pareils totalement inutiles)
– “Ben, pour s’asseoir devant et la regarder” (en me disant, c’est vrai que c’est inutile)


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